Harmonie Yelnats -/- Billy Sheehan (secteur 10)

Daeron, fidèle à lui-même, garde une expression figée. Tu vas finir par le prendre pour une peinture...

"Bien sûr, ce sera un excellent moyen d'entraîner ton contrôle mental. Je vais refaire ce que j'ai fait lorsque tu t'es entraînée hier : je vais entrer dans ton esprit, afin d'analyser ce qui se passe chez toi sur le plan psychique lorsque tu es au contact de l'eau. Mais cette fois, je vais essayer de pousser ton esprit, non pas à résister, mais à accepter la présence de l'eau, à l'oublier même. L'avantage, c'est que pour ça je n'ai pas besoin de te voir, seulement de te projetter mentalement.
Bien, c'est quand tu veux."

Vous entrez dans la salle de bain, et Daeron te tourne le dos tandis que tu te déshabille. Il conserve sa posture, alors que tu entres dans la douche et te prépare à subir ton martyr quotidien. Avant que ta main ne touche le robinet, tu sens une présence rassurante s'infiltrer dans ton esprit, tu as l'impression d'être bien au chaud sous la couverture de ton lit, et c'est sans crainte mais avec un grand calme que tu ouvres l'arrivée d'eau.
Exposée de plein fouet à ta pire crainte, mais ta peur contrôlée par Daeron et un peu par tes propres efforts, tu commences à te laisser mouiller comme si de rien n'étais. Mais après quelques secondes, tu ressens comme un malaise inexplicable, qui monte crescendo pour finir quelques instants plus tard par exploser dans ta tête. Tu as l'impression que ton âme se déchire, partagée entre l'instint naturel qui te pousse à fuir l'eau, et la force mentale combinée de ton esprit et de celui de Daeron. Tu essaye d'abord de résister à ton instint, puis, comme te l'avais dit Daeron, tu tentes d'accepter sa présence et de l'oublier, mais le malaise est toujours là, il se fait moins agressif, plus sournois, s'infiltrant dans tes pensées pour finir par te faire perdre tout contrôle de tes émotions. Tu entend une voix indistincte, comme si elle était très loin, et tu as du mal à saisir ce qu'elle dit tellement tu perd tout contrôle.

"Harm.. il ne... résister... contrôle... se battre... peux le faire... esprit..."

La voix se fait de plus en plus lointaine, et la sensation de confort que tu ressentais au début s'évapore complètement, pour laisser place à une terreur sans nom. L'esprit en feu, saturé de pensées et de sensations contradictoires, tu t'évanouis.

Après une durée que tu ne peux déterminer de toi-même, tu te réveille dans ton lit, sous la couette. Tu as trembles encore, tu as du mal à saisir ce qui t'es arrivé.
Daeron, penché sur toi, a quitté son inexperssivité habituelle, et affiche maintenant un visage partagé entre inquiétude et bonheur.

"Tu es réveillée... Tu t'es évanouie sous la douche, un peu plus et je pense que ton esprit restait à jamais incontrôlable. L'auto-défense réflexe de l'inconscient, c'est un concept qu'il nous faudra étudier... mais je m'égare.
Pour en revenir à ce malheureux accident, ta phobie de l'eau est vraiment sans limite, elle est instinctive, agressive, sans pitié. Tout le contrôle mental que nous avons put exercer à nous deux a échoué, car ton esprit, au service de ton corps, croit être convaincu que l'eau ne peut te faire que du mal. Plus on force le contrôle, plus la résistance est forte. Nous avons essayé la résistance, nous avons essayé l'acceptation, nous avons essayé l'oubli, mais rien n'y a fait. Je t'avoue que je ne sais pas comment procéder. Il te faudra certainement vivre toute ta vie avec cette phobie, car elle est trop ancrée dans tout ton être pour pouvoir être combattue. Et en luttant, nous avons brisé la barrière consciente de ton esprit, mais l'inconscient a répondu, et a lutté plus fort que ce que je penais possible.
A l'avenir, il vaudra mieux que ta phobie reste dans la partie consciente de ton esprit."

@ Billy

Plongée instantanée dans les bras de Morphée à cause des émotions fortes de la soirée. Ta nuit se passe sans souci, tu ne sais pas trop comment tu esquive les cauchemards mais tu y arrives. Et la fonction réveil de ton téléphone accomplit sa tâche, mettant un terme à ton repos mérité, alors que le soleil est déjà levé depuis un bon moment, lui...


@ Harmonie

Daeron, voyant que tu vas bien, reprend son habituelle expression impassible avant de te répondre.

"Eh bien, lève-toi, nous allons pouvoir enfin commencer l'entraînement..."

Harmonie se retourne vers le visage de Daeron, le salaud reprends son expression pour le moins inexpressive. Et agaçante.

*Enflure...*

Mais elle pense cela sur un ton ironique, avant de sortir ses bras de sous la couverture et de les poser devant elle. Elle hésite un instant, elle est de nouveau dans le plus simple appareil sous le regard de Daeron. Mais il a bien dû l'amener ici, donc c'est trop tard pour conserver une quelconque pudeur. Soit, Harmonie sort donc du lit.

Elle rougit et ses gestes sont un peu tremblant alors qu'elle ramasse ses vêtements de ce matin, posé sur sur une chaise. Une fois habillée, elle revient vers Daeron. Elle à passé, en plus de son t-shirt et de son mini-short, un bandeau pour tenir ses cheveux afin de ne pas les avoir en travers du visage durant l'entraînement.

"Parée!"

Ouf, elle décroche. Bon, comment je fais maintenant ?

"Salut Harmo, comment va ? Euh, nan attend, c'est pas ce que je voulais dire..."

Et merde, la boulette... bon, j'vais embrayer, sinon j'vais encore dire une connerie...

"Bon, je t'avais proposé de me renseigner, à propos de tu-sais-quoi... ça y est c'est fait, j'ai des infos croustillantes, on peut se voir ?"

Cette fois c'est fait, advienne que pourra...

"Ok, j'arrive dans 10 minutes environ. A tout de suite !"

Je raccroche, et commence à me préparer. Veste, clés de bagnole, flingue ? allez, flingue. Avant, j'avais tout le temps ce Beretta, ça me fera garder l'habitude d'être armé, on sait jamais, surtout dans ce secteur...

Tout est bon ? Let's go !

Je descend au parking, sans oublier de fermer mon appart à clé bien sûr, monte dans ma caisse et me rend chez Harmo, tout en organisant mes idées au fur et à mesure du trajet.
Arrivé devant son immeuble, la routine : se garer, fermer la voiture, prendre l'ascenseur, monter au 50ème étage, sonner à la porte.
Et me voilà !

Dès qu'Harmo ouvre la porte, je lui souris et lui parle d'un ton naturel.

"Salut Harmo ! Alors quoi de..."

Holà, elle m'entraîne direct vers son canapé, me fait asseoir, et tire une tronche de déterrée en attendant que je parle...

"Euh, bon ben ok, alors voilà : j'ai discuté avec un mec hier, à l'Apocalypse, tu sais le bar pas loin. Et le type commence à me parler des hybrides, en laissant entendre qu'il les aimait pas du tout et qu'il était pas le seul. J'ai réussi à lui faire croire que j'étais de son côté, et du coup il m'a invité à une sorte de club, où il m'a proposé un petit travail. J'ai donc livré un colis dans un laboratoire secret, planqué sous une vieille église.
Donc en gros, je sais où les trouver, je sais où trouver un de leur labo, et une gonzesse m'a proposé de travailler pour eux. Donc après, faut voir ce que t'en pense. Je crois être capable d'obtenir plus d'infos, mais ça prendra du temps, faudra que j'infiltre tout le réseau pour savoir plus de choses."

Je tourne la tête, et mon regard tombe dans celui, inexpressif, de l'invité d'Harmo. Je me lève, me dirige vers lui et lui tend une main amicale.

"Salut ! Je suppose que tu es l'invité d'Harmonie ? Je m'appele Billy, appele-moi Kid si tu veux."

J'ai volontairement "oublié" le passage au sujet des parents d'Harmo, et de l'état de sa mère, je vais pas trop lui chambouler les idées...

Daeron te serre la main, et te répond de sa voix neutre, son regard plongé dans le tiens.

"Je suis Daeron, le professeur d'Harmonie. Je crois comprendre que tu es proche d'elle ? Je suis là pour lui apprendre... pleins de choses, comme on dit."

J'allais répondre au dénommé Daeron, qui bien que semblant sympathique semble également un peu "ailleurs", lorsqu'Harmonie me surpris à se coller soudainement à moi, comme un enfant se colle à sa mère.
Visiblement, elle a besoin de réconfort. Mais j'avoue ne pas du tout comprendre pourquoi là, maintenant tout de suite, sans prévenir...

Passant mes bras autour de ses épaules, je tente de la réconforter comme ma maigre expérience dans le domaine féminin me le permet, mais je ne peux m'êmpêcher d'interrompre ma passionante conversation avec son nouveau professeur pour lui parler, d'un ton doux et inquiet à la fois.

"Eh ben, Harmo, tu me fais quoi là ?"

Harmonie semble vouloir fuir les discutions, elle se sent assez mal subitement : pour une enfant dorlotée toute sa vie à laquelle on enlève subitement les parents, il n'est pas simple de garder le moral.

Elle remue la tête et l'enfouit où elle peut sur Billy tandis que sa queue cherche un membre quelconque à agripper, bras ou jambe. Un faible bruit sort d'Harmonie, au niveau de sa gorge, qui va en s'intensifiant lentement : elle ronronne.

"J'ai juste... besoin d'un câlin..."

Elle pourrait en dire plus mais elle veut juste profiter de l'attention de Billy et de sa présence.

Ah. Elle veut un câlin. Pas de problème pour ça, j'suis là, mais je sais pas trop quoi faire en fait.
Du coup, je continue à la câliner comme je sais si mal le faire, en essyant de pas paraître trop pataud et de m'améliorer vite fait. Si elle compte sur moi pourt la réconforter, j'ai aucune envie de la décevoir...
Et comme je ne sais plus trop quoi dire, je m'en remet à mon indéfectible humour en m'adressant à Daeron, et je rajoute un petit sourire pour l'occasion.

"Excuse-moi hein, j'ai le chat sur les genoux."

Daeron reste un moment sans réagir, comme figé dans le temps et l'espace. Puis après quelques instans, il se gratte la gorge, visiblement plus pour occuper ses mains que par démangeaison.

"Hum, Harmonie, je vais un instant dans la cuisine, j'ai un peu soif..."

Et sans s'encombrer de politesse, il s'y rend, vous laissant seuls un moment.

Le ronron d'Harmonie se coupe un peu alors qu'elle pouffe de rire, mais reprends relativement vite une fois Daeron partit. Sa queue est trop courte pour pouvoir enserrer une jambe de Billy ou l'un de ses bras, aussi, plus audacieuse, vient-elle se glisser entre eux avant de venir caresser les mains de Billy.

Harmonie finit par parler d'une voix triste.

"Avant, je ronronnais avec Maman quand on regardait la télévision avec Papa... Et encore plus quand j'étais petite et que je venais dormir avec eux, après un cauchemar ou... par caprice..."

Je suis surpris d'entendre Harmo ronronner, je pensais pas que le mélange génétique irait jusque là...
Je souris en écoutant l'anecdote, j'imagine très bien la scène. Mais en même temps, une boule se forme dans ma gorge. Elle paraît si mature, mais bordel, elle a que 16 ans, c'est encore une gamine !
Et moi je suis à peine plus vieux. 23 ans c'est quoi ? Rien. J'suis à peine sorti de l'âge où on fait les conneries, et encore...
Mais je suis le plus vieux des deux, donc faut que je dise quelque chose d'intelligent là, faut que je la rassure tout en lui mettant la réalité sous les yeux. Doucement quand même.

"Evite de venir taper l'incruste dans mon pieu, je vais me poser des questions sinon."

Et merde, raté. On prend les mêmes et on recommence.

"Harmonie... Tes parents sont partis. Ils ne reviendront pas. Mais ils sont partis injustement, ce n'était pas le moment pour eux, et je te promet que je t'aiderais à adoucir cette injustice. En attendant, tu dois faire le deuil, tu dois comprendre qu'ils ne seront plus jamais là, mais tu ne dois pas non plus les oublier."

J'espère que j'ai été assez délicat, si j'ai fais une boulette je le regretterais longtemps je pense.

Harmonie n'est pas vexée outremesure par la remarque de Billy, elle le trouve juste un peu gauche sur ce coup-là, mais l'excuse quant à la nature de la blague, il n'est pas forcément au courant qu'elle n'aime pas trop les blagues de ce genre, surtout quand ça la concerne. Sa queue s'immobilise et se raidit un peu, pendant un frôlement, Billy peut sentir les poils s'hérisser. Elle commence à sangloter et à renifler en le serrant un peu plus fort et le bruit du ronron s'arrête.

"Je sais... merci..."

Sa haine pour les anti-hybrides est plus forte que jamais, tout comme sa peine. elle commence à pleurer pour de bon en marmonnant :

"C'pas juste, c'pas juste..."

Les oreilles tombantes, elle frotte sont petit nez sur Billy, son front puis tout son visage. Par un habile mouvement de balancier et d'autres gestes plus sournois, elle arrive traîner Billy devant le seul fauteuil du salon et y fait plus tomber son ami qu'autre chose. Elle n'a pas quitté leur étreinte pour autant et à présent, ses baskets jetées au sol, elle se blottit un maximum contre lui, roulée en boule dans ses bras et sur le fauteuil.